Après les deux coups d'état militaires de 1971 et 1972 qui remettaient en cause la monarchie marocaine, des militants de la fraction armée de l'Union Nationale des Forces Populaires ( Tanzim) traversent la frontière algéro - marocaine au début du mois de Mars 1973 et rejoignent l'Atlas pour mener une action armée d'envergure contre le régime marocain. Ils seront encerclés le 3 Mars 1973 par les forces de police. Plusieurs d'entre eux dont Mohamed Bennouna, Assekour Mohamed, Brahim Tizniti périront. D'autres militants risqueront leur vie en tentant de rejoindre l'Algérie et feront des rapports de leur combat. Certains seront portés disparus.
Début d'une révolution ou insurrection…Les conditions étaient-elles réunies ? Dans une lettre adressée à Mohamed Basri le 07 Août 1971, Mohamed Bennouna écrivait : « (…) Absence d'une direction centrale collective….Absence d'un programme politique…Absence d'une organisation révolutionnaire forte tant politiquement que militairement…Absence d'une stratégie politique et militaire aux consignes claires…(…) Quant à ce que nous faisons aujourd'hui, nous ne pouvons en aucun cas, au regard de notre situation réelle et nos méthodes, considérer que c'est le début d'une action révolutionnaire ni une guerre de libération populaire…. »
Mais, en ce 3 mars 1973, ceux qui se sont engagés dans cette voie, sont morts en héros. C'étaient de glorieux combattants de la liberté quel qu'ait été le résultat de leur action. Leur mémoire restera toujours présente ; c'est celle de ceux qui avaient l'espoir d'être les bâtisseurs d'un avenir meilleur au Maroc, ceux qui avaient confiance pour se sacrifier pour un avenir de justice et d'équité en cette période sombre « des années de plomb ».
Suite à ces évènements, le pouvoir procède à des arrestations massives dans les rangs de l'UNFP. Qu'ils aient participé ou non à ces évènements,ils seront jugés au procès de Kénitra à partir du 25 juin 1973. Plusieurs d'entre eux avaient combattu le colonialisme français et certains avaient rejoint les forces palestiniennes dans leur combat contre le sionisme. Le 03 juillet 1973, Robert Lambotte écrivait pour le journal l'Humanité : « de plus en plus isolé, le régime paraît décidé à tout pour briser l'opposition ».
A la suite de ce procès,16 d'entre eux furent condamnés à mort dont 14 exécutions le 1er novembre 1973. Les autres seront exécutés en août 1974.
En juin 2002, son fils Mehdi Bennouna qui n'avait que 5 ans au décès de son père, a publié un livre « héros sans gloire » sur ces évènements après des années d'enquêtes auprès d'acteurs survivants du 3 mars 1973.